mardi 15 janvier 2013

Introduction


Bien que très anciennes, les sectes se sont beaucoup développées au XIXème  siècle. Une secte désigne « un ensemble d'individus partageant une même doctrine philosophique et religieuse ». Ses responsables sont souvent accusés de manipulation mentale et de suppression des libertés individuelles. Ces groupes sont très fermés et s'excluent eux-mêmes de la société. Leurs chefs sont appelés « gourou ». Ce mot est originaire de la langue sanskrit. Il signifie littéralement « enseignant », « précepteur » ou « maître ». Or en France, ce mot possède sa propre interprétation, ce seraient les seules personnes détentrices d'une « unique vérité » et ayant une importante autorité sur leurs adeptes. L'autorité peut être interprétée de façons différentes selon les milieux. Pour la plupart des gens, l'autorité est confiée à une personne hiérarchiquement supérieure qui a le droit de commander, d'imposer l'obéissance et de décider. Le gourou possède toute l'autorité. Mais quelle est-elle ? Nous nous interrogerons tout d'abord sur les origines de cette autorité, puis comment se manifeste-t-elle, avant de se demander quelles en sont les limites.
Rassemblement Témoins de Jéhovah à Paris en 1971 

lundi 14 janvier 2013

Concept de l'autorité par Diderot


Denis Diderot
L'Encyclopédie, 1751
Denis Diderot, philosophe du XVIIIe siècle, a écrit de nombreux articles dans l'Encyclopédie, dont « L'autorité politique ». Dans cet article, il démontre que l'autorité ne peut qu'être naturelle ou politique. En effet, « Aucun homme n’a reçu de la nature le droit de commander aux autres. » Selon lui, l'autorité naturelle s'illustre avant tout par l'autorité paternelle qui a des limites puisque plus le temps passe moins elle est forte : « elle finirait aussitôt que les enfants seraient en état de se conduire ».
Il pense aussi qu'il y a une toute autre forme d'autorité, qui elle, a pour moyen de pression la force ou la violence ; celle-ci n'est pas d'origine naturelle. A l'époque où il a écrit ce texte, il l'appelait autorité politique. Elle se caractériserait par une forme de consentement qui découle d'une soumission et est supposée être utile à l'intérêt collectif ; c'est ce qui la rend légitime. De plus, elle « est bornée par les lois de la nature et de l'Etat ». Par exemple, cette forme d'autorité est très présente dans la monarchie absolue où le roi avait tous les pouvoirs et la population était obligée de le respecter. Un autre système politique utilise cette autorité, il s'agit de la dictature ; en revanche celle-ci est beaucoup plus basée sur la terreur que sur le respect. Cette autorité peut aussi se traduire, dans une société, par la pression d'un groupe sur un autre groupe plus petit, on le voit dès le plus jeune âge à l'école. En général, il y a toujours un enfant ou un petit groupe d'enfants qui domine les autres ; cependant ce genre d'autorité est à moins grande échelle que dans un pays.
Cependant, elle aussi a des limites : « l’homme ne doit ni ne peut se donner entièrement et sans réserve à un autre homme ». Peu importe le système du gouvernement, le peuple pourra toujours se rebeller contre cette autorité s'il estime que celle-ci n'est pas légitime (par exemple la Révolution Française de 1789 ou plus récemment la chute du mur de Berlin en 1989).

sources images : http://www.histoire-image.org/pleincadre/index.php?i=1263
http://encyclopedienumerique.wordpress.com/2008/11/08/de-lencyclopedie-universelle-vers-lere-du-numerique/

dimanche 13 janvier 2013

L'autorité spirituelle



L'autorité spirituelle est un principe divin qui se retrouve dans chaque institution religieuse. La Bible, par exemple, encourage fortement les chrétiens à la soumission dans la société, dans la famille ou dans l'Eglise, mais selon elle ce n'est pas une autorité de domination qui consiste à abaisser l'autre ; elle se développe plutôt dans un contexte harmonieux. C'est une attitude qui consiste à écouter et respecter les conseils et recommandations d'un autre chrétien, et tout ceci volontairement car elle reflète la pensée du Seigneur. Pour eux, la soumission et l'obéissance sont très différentes : la soumission est une attitude absolue tandis que l'obéissance est une action relative. Pour le Judaïsme, le rabbin possède une autorité spirituelle mais n'est pas un intermédiaire entre Dieu et les croyants.
Autorité spirituelle et Pouvoir temporel 1929
Selon René Guénon, dans son livre Autorité spirituelle et pouvoir temporel (1929), « l'autorité spirituelle […] ne s'affirme que par elle-même ». Elle s'exerce invisiblement car selon lui les gouvernements et l'Eglise se servent de ce prétexte divin pour soumettre leurs membres (par exemple au Moyen-Âge l'Etat et l'Eglise gouvernaient ensemble, ou encore aujourd'hui au Danemark où il existe une religion et une Eglise d'Etat, des prêtres fonctionnaires ainsi que des cours de christianisme obligatoires à l'école et en Angleterre où l'Eglise est indépendante de la papauté donc le souverain du Royaume Uni est aussi le Gouverneur Suprême de l'Eglise d'Angleterre).
Pour conclure, on peut considérer que le chef d'une Eglise est un disciple de Dieu, et est autant soumis à son autorité que les adeptes, alors qu'au contraire, dans les sectes, c'est le gourou qui détient toute la vérité et devient l'unique référence pour les adeptes. Selon Ernst Troeltsh, il existe un critère pour différencier une Eglise d'une secte : selon lui, l'Eglise s'adapte à la société et souhaite diffuser ses idées, alors que les sectes au contraire se renferment sur elles-mêmes et vivent en marge de la société, refusant tous liens avec elle.







sources images : http://www.leturbannoir.com/rene_guenon/vega/autorite_spirituelle_et_pouvoir_temporel 
http://delagueuledumonde.wordpress.com/2012/03/21/religions-intrusives/

samedi 12 janvier 2013

Particularité des gourous


Sun Myung Moon lors d'un meeting




Le Syndrome du berger 1998
Ce qui caractérise généralement les gourous, est avant tout une forte instabilité sociale. Ils construisent un « délire » autour d'une blessure d'amour propre. Avant de devenir gourous, ils faisaient preuve d'une forte instabilité : Ron Hubbard, le créateur de la Scientologie, a par exemple travaillé dans la marine puis dans le journalisme avant de s'essayer à la science-fiction. Ils ont besoin du contrôle total sur leurs adpetes, par exemple Moïse David (gourou de La Famille, anciennement Enfants de Dieu) qui a besoin de contrôler jusqu'au code vestimentaire. Les gourous ou futurs gourous ont le sentiment d'être persécutés et pensent que les personnes extérieures au monde qu'ils se sont créé sont des ennemis qui leur veulent du mal, peur qu'ils transmettront à leurs adeptes. Tous les gourous ont certains traits de caractère en commun, ce sont de fins psychologues, ils sont des séducteurs possédant un fort charisme « c'est-à-dire un mélange d'assurance de soi et de force de conviction » , ils sont par exemple capables de fasciner une assemblée sur la base d'un mensonge car ils sont menteurs, calculateurs et mythomanes. La base de leurs mensonges est une histoire irréaliste qu'ils ont créée de toutes pièces. Ils se perdent petit à petit entre la vérité et leurs mensonges et se trouvent confrontés à leurs adeptes qui eux y croient profondément. Les Témoins de Jéhovah par exemple ont une argumentation circulaire qui n'est là que pour donner l'apparence d'une argumentation : « Dieu a écrit la Bible car c'est écrit dans la Bible car c'est Dieu qui l'a écrit. » 
Le psychiatre Jean-Yves Roy décrit les gourous dans sont livre Le syndrome du berger comme « séducteurs, mystiques, paranoïaques, antisociaux, imposteurs, illuminés ».
C'est un cercle sans fin auquel est confronté le gourou. En effet les adeptes qui sont victimes de son charisme poussent le gourou à se sentir de plus en plus puissant : « le gourou fait l'adepte, l'adepte fait le gourou ». 


sources images : http://olalakorea.fr/expliquez-moi-see-myung-moon-et-sa-secte/
http://www.decitre.fr/livres/le-syndrome-du-berger-9782890528994.html


vendredi 11 janvier 2013

Installation de cette autorité, Caractéristiques du début

Affiches accrochées par un groupe de mormons

Il faut tout de même préciser que peu importe la classe sociale d'une personne ou ses capacités intellectuelles, elle peut tomber dans le piège des sectes. La seule protection efficace est l'information : un individu est plus influençable s'il est ignorant sur le sujet ou possède une quelconque fragilité personnelle. Par exemple, les Témoins de Jéhovah ont pour habitude d'étudier les rubriques nécrologiques des journaux pour repérer les familles en deuil.
Test de personnalité créé par La Scientologie
Les adeptes chargés du recrutement des nouveaux membres font preuve d'une réelle persuasion en demandant des choses simples qui ne se refusent pas, comme des pétitions ou pour la Scientologie un simple questionnaire qui paraît inoffensif. Au départ, ils se contentent de créer un contact en utilisant plusieurs techniques comme communiquer par les gestes, le regard dans les yeux et une illusion de sincérité ; c'est plus tard qu'ils tentent de vendre leur doctrine. Dans les premiers temps, l'adepte connait une phase de soulagement par rapport à son ancienne vie, il manque de recul sur la situation.
Certaines sectes utilisent deux techniques de séquestration qui n'ont pas le même but. La première est physique, en effet certaines sectes, sous prétexte de cures de désintoxication, enferment des toxicomanes pour les « guérir » ; ceux-ci remplacent leur dépendance à la drogue par une dépendance à la secte, leur seul point de repère. Par exemple, dans l'Eglise de Scientologie, de nombreux témoignages, comme celui de Aude-Claire Malton, racontent la « cure de purification » que la secte impose aux adeptes. Ils sont obligés de prendre des vitamines pour ensuite aller courir plusieurs heures, et finissent par passer trois ou quatre heures dans un sauna. Ce programme dure dix jours. Elle-même le dit et c'est prouvé scientifiquement : on ressort de ce programme fatigué et amaigri. Pendant ce temps, l'adepte oublie de réfléchir.

Il existe aussi une séquestration mentale qui apparaît après la « conversion » à la secte : les nouveaux adeptes sont très fortement encouragés à s'isoler de la société car celle-ci devient dangereuse pour le gourou : l'entourage de l'adepte peut encore l'influencer et remettre en question sa parole. Cet isolement a pour but de fragiliser l'adepte psychologiquement en supprimant les normes et les valeurs communément inculquées dans la société. Le gourou va ensuite tout faire pour reconstruire une nouvelle personnalité à ses membres, en quelque sorte vider sa tête pour l'imprégner de nouvelles manières de penser conformément aux idées de la secte, on appelle cela la manipulation mentale. Elle permet une soumission totale des adeptes, une robotisation de leur esprit critique. Sylvie D., ex-membre du Mouvement Humaniste, raconte : « Après le repas, c'est en quelque sorte le lavage de cerveau final ! Imaginez-vous en train de décrire, pendant deux heures et sous toutes ses coutures, une boîte de Ricola ! Vous comprendrez ce qui nous restait d'esprit critique et de décision... » .
Pour faire tout cela, les gourous imposent un mode de vie aux adeptes afin de les affaiblir par un manque de sommeil et une absence ou réduction de temps passé seul.

sources images : http://preventionsectes.wordpress.com/2012/08/25/les-mormons-parisiens-veulent-se-refaire-une-reputation/
http://archives-lepost.huffingtonpost.fr/article/2008/04/17/1182556_le-test-de-personnalite-de-la-scientologie.html

jeudi 10 janvier 2013

Comment évolue-t-elle dans le temps ?

Base de la Scientologie perdue dans le désert

Une secte est basée sur La Vérité, détenue par son gourou, à laquelle les adeptes sont forcés de croire. Une fois que les adeptes sont convaincus, l'objectif est de les y rendre dépendants. Pour parvenir à leurs fins, les gourous utilisent plusieurs techniques qui sont généralement similaires à toutes les sectes. Les plus connues étant d'affaiblir l'adepte et de le perturber en lui imposant des heures de sommeil insuffisantes, et avec des personnes inconnues. De plus, l'adepte est sous-alimenté, il peut devenir très maigre très rapidement, car en plus de cela il subit de nombreux exercices physiques quotidiennement. Certaines sectes finissent même par faire travailler leurs adeptes dans des camps pour déviants. Parfois les gourous finissent par s'attaquer directement à l'intimité de leurs adeptes, par exemple dans la secte de Moon où les mariages sont forcés. Ils ne peuvent même plus décider librement de leur sexualité.
Mariage de masse organisé par Sun Yung Moon
On déstabilise aussi les pensées de l'adepte pour  reconstruire sa personnalité et ainsi mieux le contrôler. L'adepte est encouragé à culpabiliser, à développer une vision négative de lui-même. Il acceptera donc de « changer » et de reconstruire sa personnalité. Il subit une rupture géographique avec son ancienne vie, on l'envoie loin de chez lui, il ne lui reste pour seul repère que la secte. On lui impose une nouvelle identité (nouveau nom, nouveaux vêtements...) et de nouvelles valeurs, une nouvelle langue : on essaie de reproduire un système de socialisation primaire, sous forme de « remplissage ». Par exemple, les scientologues doivent apprendre une nouvelle langue qui comporte au moins 12 000 termes et acronymes. Celle-ci est une séparation de plus entre membres et non-membres.
Pour l'adepte, cette nouvelle personnalité contribue à son intégration dans la secte, il lui est dorénavant presque impossible de s'en sortir. On lui fait comprendre qu'il perdra tous ses « nouveaux (et seuls) amis » s'il quitte la secte. C'est la pression du groupe. Jean-Jacques Greneron a par exemple témoigné en défaveur de la Scientologie : « La séparation a été très difficile à assumer. J'ai vécu cela comme on vit un manque, une dépendance. » L'adepte est donc dépendant, à la fois idéologiquement et aussi sociale, le groupe représente un refuge protecteur pour lui. 

sources images : http://www.dailymail.co.uk/news/article-2168482/Snipers-razor-wire-prison-cells--inside-secret-Scientology-HQ-Katie-fear-Suri.html
http://www.lefigaro.fr/international/2009/11/25/01003-20091125ARTFIG00171-la-secte-moon-fait-sa-revolution-en-silence-.php